En 2020, 22 jeunes de la paroisses de San Luis, dans la région de San Luis au Petén, ont pu bénéficier d’une bourse dans le cadre du projet « Semillas de saber ». Cette bourse permet de payer les frais de scolarité, l’uniforme toujours obligatoire au Guatemala, les chaussures, ainsi que les dépenses liées à l’alimentation et à l’hébergement pour que les jeunes devenus étudiants puissent poursuivre leurs études loin de leur famille. Ces réunions-bilans sont organisées s régulièrement. Il en ressort, bien évidemment que les conditions depuis le début de la pandémie étaient très difficiles. Les cours se déroulant à distance par par le biais d’application en ligne, comme Zoom, ce qui nécessite d’avoir un équipement informatique et un abonnement Internet. Certains étudiants se sont rapprochés de leur municipalité pour utiliser sa connexion. En 2021, TN a pu continuer à aider ces jeunes !
Auparavant, c’était Markus Zander, responsable de ce programme qui nous donnait régulièrement des nouvelles du bon déroulement. Dans son dernier mail, il nous informait de son départ du Guatemala. Ce sont le Père Pedro et les sœurs de l’Assomption qui ont pris le relais dans l’accompagnement des boursiers. Nous remercions chaleureusement Markus pour tout le travail accompli auprès de la population indigène de cette région du Petén et le Père Pedro et les sœurs de l’Assomption d’avoir accepté d’encadrer les jeunes étudiants !
Voici un courrier adressé par Markus qui présentait le programme « Semillas de saber »
« Depuis l’année 2009, de jeunes indigènes de la commune de San Luis (une centaine de villages) dans le département du Petén au Guatemala ont la chance d’être bénéficiaires d’un programme de bourses destinés aux élèves du secondaire et aux universitaires. Le programme de bourses reçoit l’appui entre autres de l’organisation Terres Nouvelles de France et du Service Mondial pour la Paix en Allemagne.
Les jeunes viennent souvent de villages lointains. Pour pouvoir fréquenter le secondaire ou l’université ils sont obligés de venir de loin par le bus ou de payer en ville pour leur hébergement et leur nourriture. Dans les deux cas cela entraîne des frais considérables pour eux. Pour des jeunes de familles paysannes aux maigres ressources, il est très difficile d’assumer ces frais, auxquels s’ajoutent le coût de l’uniforme, les droits mensuels de leurs instituts et les fournitures nécessaires.
Aux difficultés économiques, s’en ajoutent d’autres qui entravent l’accès des jeunes indigènes à l’éducation. L’une d’entre elles est la barrière de la langue. La langue maternelle de la plupart des jeunes du Petén est le Q’eqchi’, l’une des 23 langues Mayas du Guatemala. Toutefois pour les étudiants, il n’y a aucune introduction systématique de l’espagnol comme langue d’enseignement à l’école et beaucoup de jeunes se battent pendant des années avec les difficultés d’apprentissage de l’espagnol, ce qui les met dans une position de désavantage par rapport à leurs camarades métis.
Encore plus compliquée est la situation des jeunes femmes. Leurs parents devant décider pour lesquels de leurs fils ou de leurs filles ils vont engager leurs ressources, souvent ils privilégient les garçons, pensant que les femmes vont se marier de toute façon et que leurs futurs époux vont s’occuper d’elles. Au total, le pourcentage de jeunes indigènes ayant terminé des études secondaires est beaucoup plus bas que celui des jeunes métis, et le pourcentage de jeunes indigènes avec une formation universitaire est presque inexistant.
Néanmoins, l’éducation est un facteur chaque jour plus important aussi dans la société guatémaltèque. Cela vaut aussi pour les fils et filles des familles paysannes parce que la terre disponible pour la production agricole ne suffit déjà plus à offrir du travail et des ressources à la génération montante. En même temps, il y a une forte demande de travailleuses sociales, infirmières, médecins, ingénieurs agraires, employés publiques et psychologues connaissant les langues indigènes ; mais ces professionnels n’existent pas en quantité suffisante. L’éducation en même temps est la clé pour une meilleure participation de la population indigène aux décisions politiques du pays, d’où elle est pratiquement exclue jusqu’à maintenant.
Le programme de bourses SEMILLAS DE SABER (Graines de savoir) fut créé pour appuyer spécifiquement les jeunes indigènes, avec une approche spéciale pour les femmes, afin de leur permettre d’avoir accès à l’enseignement secondaire ou universitaire. Au total, environ 50 jeunes ont bénéficié de ce programme, presque tous dans le secondaire. On espère que quelques boursiers arrivant en fin d’études secondaires vont poursuivre leurs études à l’université.
Actuellement, le programme finance les droits mensuels pour les instituts ou les universités et dans quelques cas des frais complémentaires. On espère qu’avec un fond disponible croissant à l’avenir, on va pouvoir aussi payer l’hébergement et l’alimentation aux étudiants qui sont obligés de s’installer dans un bourg ou une ville éloignée pour pouvoir étudier.
Le 16 juillet, nous avons organisé une rencontre avec les boursiers pour parler avec eux de leurs progrès et de leurs études et pour leur donner la possibilité d’échanger entre eux et d’exprimer leurs visions du futur. De nombreux boursiers ont dit que lors du passage du primaire au secondaire, puis du premier au deuxième niveau du secondaire, ils avaient rencontré de grandes difficultés avec la langue espagnole. Dans l’ensemble, toutefois, on notait une amélioration significative la seconde année après chaque passage.
Autre difficulté pour beaucoup c’est encore le financement de leurs études, car les droits mensuels souvent ne constituent seulement qu’une partie des frais. Ici on voit la nécessité d’assumer une partie plus importante des frais pour leurs bourses. Parlant de leurs visions d’avenir, tous les étudiants montrèrent leurs aspirations pour des carrières professionnelles et ils parurent très optimistes et motivés. Néanmoins, une aide de proximité serait nécessaire en ce qui concerne les choix professionnels.
La majorité des boursiers avait opté pour des professions comme instituteurs ou employés d’administration, les professions pour lesquelles l’offre de formation est la plus grande. Cependant, pour ces métiers le marché du travail est déjà saturé. Il faudrait ouvrir les yeux des boursiers sur d’autres secteurs, comme par exemple des études professionnelles en agronomie, dans le tourisme ou dans le secteur de la santé, où il y a davantage de débouchés.
Une très bonne nouvelle, c’est que les Sœurs de l’Assomption à San Luis – qui ont l’expérience de leur propre Institut Secondaire – vont participer à l’accompagnement des boursiers avec la Paroisse de San Luis. Certaines fois, cet accompagnement a été difficile pour la Paroisse, faute de personnel. Avec la participation des Sœurs, cela fonctionnera mieux à l’avenir ».